Qu’est-ce que la technologie ? Aujourd’hui, on pense à Viva Technology, à la transformation numérique et à l’univers fascinant des high tech. Ces technologies de pointe permettent d’aller toujours plus VITE, toujours plus LOIN, toujours plus FORT, et semblent d’excellentes solutions pour accélérer la transition écologique (économies d’énergie, biotechnologies, évaluation d’impact, sensibilisation…).
Mais voilà. Aujourd’hui, sobriété et "low tech" semblent redevenir les mots d’ordre pour bon nombre d’entreprises engagées. En cause : l'assujettissement de l’Homme à la machine et la prise en compte des externalités négatives.
Les low tech, plus inclusives, plus résilientes ? Mais assez démultipliables à l’heure de l’urgence climatique ? Les nouvelles technologies réellement freins à la transition écologique ?
Pour discuter de ces questions et dans le cadre de son programme d'incubation pour les entrepreneur.e.s de la transition écologique, Le Comptoir organisait vendredi 09 octobre 2020 la dernière table ronde de ses “Inspirations de Saison”. Nous vous livrons ici les 5 pistes de nos expert.e.s :
Dépasser le débat “high tech VS low tech”, pour revenir à une technologie utile
L’univers des low tech est riche de potentiels. La rapide mobilisation des fablabs lors des pénuries de masques sanitaires en est un exemple concret. Pourtant, certaines propositions low tech de Philippe Bihouix, dans son ouvrage de référence “L’âge des Low Tech”, semblent encore utopistes. Mais elles permettent d’initier le débat et de pousser la réflexion, à l’heure où le numérique s’est imposé comme incontournable dans notre société.
High tech et low tech sont deux prismes technologiques qui répondent à des enjeux différents. Ils se complètent bien plus qu’ils ne s’opposent. Mais les interprétations quant au niveau de technologie à adopter pour tel ou tel enjeu peuvent diverger. Une chose est certaine, le nombre d’objets connectés (donc high-tech) augmente très fortement : en 2010, on en comptait 4 milliards dans le monde, 15 milliards en 2017 et les chiffres explosent en 2020 (source : IDATE). Cette multiplication de ces objets n’est pas neutre d'un point de vue social et environnemental. Cela nous amène donc à questionner leur utilité. Certaines de ces solutions connectées répondent à de réels problèmes (dans le domaine de la santé par exemple), d’autres ne sont que des gadgets qui créent des besoins, voire des addictions, plus qu’ils n’y répondent. Le distributeur de croquettes pour chat à reconnaissance faciale est-il une réponse adaptée à un besoin exprimé ?
Au-delà des principes “low tech”, la nécessité de “lower tech”
Le secteur du numérique génère 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et son empreinte carbone devrait doubler d’ici 2025 (voir les rapports The Shift Project). Face à ce constat, comment adapter le numérique pour réduire son empreinte écologique et assurer la résilience ? Le réemploi, des applications moins énergivores, des données hébergées localement… de nombreuses réponses existent déjà. Le numérique n’est pas que virtuel : c’est avant tout un monde matériel, peuplé de serveurs, de câbles, de métaux rares, qui nécessite une adaptation des modes de fabrication (responsables de 80% de l’empreinte environnementale du numérique) et de consommation.
Pour les non-initié.e.s, adopter une démarche numérique responsable (éco-conception, comportements adaptés etc.) n’est pas si évident. Aucun cadre législatif n’a encore été créé ou intégré aux obligations d’accessibilité numérique. Mais il existe une large documentation accessible et enrichie par des acteurs comme Alliance Green IT ou l’Institut du Numérique Responsable.
Dans un contexte mondial concurrentiel exacerbé, trouver le bon curseur entre attractivité économique et régulations environnementales
Lors des débats publics autour de nouvelles technologies comme la 5G, la question est d’évaluer l’impact réel de leur mise en place, au-delà de l’intention initiale. Mesurer l’impact environnemental réel du numérique est cependant très difficile étant donné la multiplicité des indicateurs pertinents (composants, émissions, durée de vie, consommation électrique mais aussi économie d’énergie réalisée...).
Le rôle des pouvoirs publics est alors d’accompagner les acteurs qui n’ont pas les ressources pour s’attaquer à ces problématiques. Mais quel doit être le degré d’intervention de l’Etat ? Un double discours politique s’instaure : d’une part sur la nécessité d’assurer notre compétitivité et notre rôle de puissance européenne face aux géants américain et chinois, d’autre part sur l’urgence de développer un projet de société en phase avec le développement durable. Un équilibre d’autant plus difficile à trouver à l’heure de la crise… Mais la transition écologique ne peut-elle pas, au final, être un levier de compétitivité ?
Remettre la recherche au service du bien commun
La low tech est avant tout une manière de repenser ses besoins, la manière d’y répondre (frugalité des fonctionnalités et designs), ainsi que la finalité de l’innovation. Aujourd’hui, la valorisation de la recherche se base plus sur des critères commerciaux que sur des critères sociétaux d’impact positif, défendus par exemple par la communauté Tech4Good. La science a bien un rôle central à jouer pour la transition écologique qui pourrait ainsi être introduite dans la loi de programmation pluri-annuelle de la recherche.
Une technologie tournée vers des objectifs humains intègre également une dimension inclusive. L’illectronisme, soit l’illettrisme numérique, touche encore aujourd’hui 17% de la population française (source : INSEE). La sobriété numérique défendue par la low tech peut alors être une excellente manière de rendre la technologie plus simple et accessible à tous.
Pour aller plus loin :
Découvrez les clés pour agir de l’ADEME dans La face cachée du numérique
Plongez-vous dans les programmes d’open innovation collaboratifs The Future Of de SoScience
- Participez au projet européen DigiCirc pour des solutions digitales durables au service de l'économie circulaire en répondant à l'Appel à Projets coordonné par CapDigital
- Changez vos comportements grâce à l’infographie de Qu’est ce Qu’on Fait ! contre la pollution numérique
Intervenants :
- Thomas Simoni & Olivier Acosta - Product Owner & Chef de projet chez Simplon.co
Entreprise agréée solidaire qui forme gratuitement aux métiers techniques du numérique différents talents demandeurs d'emploi. 73% de sorties positives.
- Roxane Bibard - Knowledge Builder chez SoScience
1ère entreprise européenne spécialisée dans la recherche et l’innovation responsable pour développer une science qui réponde aux grands enjeux sociaux et environnementaux.
- Julia Morawski - Chargée de mission Europe de Cap Digital
Pôle de compétitivité et de transformation numérique qui fédère tous les acteurs de l’innovation : laboratoires de recherche, PME, start-up, grandes entreprises, ETI, écoles, universités et investisseurs.
- Emmanuel Chauvin - Responsable du Comptoir - GROUPE SOS Pulse (animateur)
Créé en 2014, Le Comptoir est un structure du GROUPE SOS Pulse situé à Montreuil. Grâce à ses divers programmes, il développe un double accompagnement personnel et collectif pour les porteurs de projets engagés et innovants.

Organisateur : Le Comptoir
Incubateur membre du Groupe SOS Pulse qui accompagne des entrepreneurs engagés pour un impact environnemental ou social positif.
Partenaire de l'évènement : Mouvement UP
Le cross-média d’information de solutions qui s’adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent innover pour changer la société.